Les Experts Compétences ont accompagné des OF qui travaillaient dans le champ de la formation continue vers l’alternance ou l’apprentissage. Il y a des hauts et des bas depuis 2008, au rythme des engagements de l’état.
- Les aides à l’alternance jouent les prolongations
- Niveaux de prise en charge de l’apprentissage
- Baisse de 5% des coûts de l’apprentissage
- Formation professionnelle, apprentissage : Le déficite s’aggrave
- L’apprentissage en danger
Un tournant pour l’apprentissage en France
Depuis 2018, la France a connu une véritable explosion du nombre de contrats d’apprentissage, atteignant des niveaux records jamais vus. Soutenu par des aides publiques exceptionnelles, le dispositif est devenu un pilier des politiques d’emploi et de formation. Mais en 2023-2024, l’État a amorcé une réduction progressive de ces subventions.
La question se pose désormais : quel sera l’impact concret de la baisse des aides sur l’apprentissage, aussi bien pour les entreprises que pour les organismes de formation et les jeunes ?
L’apprentissage en danger ?

L’apprentissage, un succès largement porté par les aides financières
Le succès des dernières années ne s’explique pas uniquement par un changement culturel des entreprises : il repose en grande partie sur des incitations financières fortes.
- Jusqu’en 2022, la prime « 1 jeune, 1 solution » pouvait atteindre 8 000 € par contrat signé, quel que soit le niveau de diplôme préparé.
- En parallèle, les CFA (centres de formation d’apprentis) bénéficiaient d’un financement sécurisé via les OPCO et la péréquation.
Résultat : en 2022, plus de 837 000 contrats d’apprentissage ont été conclus, un record absolu. Mais cette dynamique reposait sur un modèle coûteux pour les finances publiques.
La réduction des aides : quelles évolutions concrètes ?
Depuis 2023, plusieurs ajustements sont venus réduire l’attractivité financière de l’apprentissage :
- Moins de primes directes pour les entreprises
- La prime exceptionnelle de 8 000 € a été transformée en une aide unique plafonnée à 6 000 €.
- Elle est davantage ciblée sur les jeunes de moins de 30 ans et sur certains niveaux de diplôme.
- Un impact différencié selon la taille et le secteur
TPE et PME, qui bénéficiaient le plus de l’effet d’aubaine, sont les premières impactées.
Dans certains secteurs comme l’artisanat ou le bâtiment, la prime représentait un levier majeur pour recruter.
Les grandes entreprises, déjà mieux armées financièrement, absorberont plus facilement cette baisse.
Les niveaux de diplômes les plus touchés
Les formations de niveaux CAP et BEP sont particulièrement menacées : leur retour sur investissement immédiat est perçu comme plus faible par les employeurs.
A contrario, les formations du supérieur (Bac+3 à Bac+5) devraient rester attractives, car elles répondent à des besoins stratégiques en compétences.
Les impacts immédiats pour les entreprises
La réduction des aides change l’équation économique :
Recrutements plus sélectifs
Les entreprises risquent de privilégier des profils déjà un peu formés ou plus autonomes, au détriment des jeunes les plus fragiles.
Moins de nouveaux contrats dans les TPE/PME
Pour un artisan ou une petite structure, 2 000 € de moins sur une aide peut faire la différence entre recruter un apprenti… ou renoncer.
Des choix dictés par le coût plutôt que par la stratégie RH
Là où les aides permettaient d’oser un pari sur un jeune, leur baisse pourrait limiter la prise de risque des employeurs.
Les conséquences pour les organismes de formation et CFA
Les organismes de formation sont en première ligne face à ces évolutions :
- Baisse potentielle des effectifs : certaines promotions risquent de ne pas se remplir, surtout dans les métiers manuels ou techniques.
- Montage financier plus complexe : la diminution des aides oblige à rechercher davantage de cofinancements via les OPCO ou les branches professionnelles.
- Pression sur la qualité et la valeur ajoutée : les CFA devront convaincre les entreprises que l’apprentissage reste rentable, même sans subventions massives.
- Risque de fracture territoriale : les CFA en zone rurale ou dans des secteurs fragiles pourraient voir leur équilibre économique menacé.
Quelles conséquences à moyen et long terme ?
Si la tendance se confirme, plusieurs risques apparaissent :
1. Casser la dynamique de croissance
Après avoir doublé en quelques années, le nombre de contrats d’apprentissage pourrait stagner ou reculer, surtout dans les filières les plus fragiles.
2. Recentrage sur les niveaux supérieurs
Les Bac+3 à Bac+5 devraient rester solides, car ils intéressent directement les grandes entreprises. En revanche, les niveaux CAP et Bac pro pourraient perdre en attractivité, ce qui poserait un problème majeur pour les jeunes en difficulté scolaire.
3. Inégalités entre secteurs
Certains secteurs déjà en tension (bâtiment, hôtellerie-restauration, industrie) risquent de souffrir davantage, faute de main-d’œuvre qualifiée issue de l’apprentissage.
4. Dépendance accrue aux arbitrages budgétaires
L’apprentissage reste un outil puissant… mais fragile, car trop dépendant des choix politiques et budgétaires de l’État.
Quelles stratégies pour limiter les effets négatifs ?
Pour les entreprises
Anticiper le coût réel d’un contrat d’apprentissage et intégrer l’investissement dans une logique de moyen terme.
Mobiliser les OPCO pour obtenir des financements complémentaires (formation tuteur, équipements, formations transversales).
Valoriser la marque employeur : recruter un apprenti, c’est aussi un atout en termes d’image et de fidélisation des jeunes talents.
Pour les organismes de formation / CFA
Renforcer les partenariats entreprises : co-construire les parcours pour répondre aux besoins concrets.
Diversifier les sources de financement : dispositifs régionaux, programmes européens, partenariats privés.
Mieux communiquer sur la rentabilité de l’apprentissage : chiffres à l’appui, démontrer que former un apprenti reste un investissement rentable.
Pour les pouvoirs publics
Trouver un équilibre entre soutien budgétaire et pérennisation du dispositif.
Cibler les aides vers les publics et les filières les plus fragiles (CAP, métiers en tension).
Garantir une visibilité pluriannuelle pour permettre aux acteurs de s’adapter.
Un équilibre à reconstruire
La baisse des aides à l’apprentissage marque un tournant. Après plusieurs années de croissance record, le dispositif doit désormais prouver qu’il peut se maintenir sur des bases plus durables, sans dépendre exclusivement des subventions massives.
Le risque est réel : voir l’apprentissage se recentrer sur les niveaux supérieurs et les grandes entreprises, au détriment des TPE, de l’artisanat et des jeunes les plus fragiles.
👉 L’enjeu des prochains mois sera donc de réinventer un modèle équilibré, où l’apprentissage reste attractif pour les entreprises tout en demeurant un outil puissant d’insertion professionnelle.
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