Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Les Experts Compétences depuis des années ont incité les OF à investir le champ de l’alternance. Une réussite jusqu’à 2024… 

  1. Les aides à l’alternance jouent les prolongation
  2. De formateur à chasseur d’entreprise
  3. Chargé de relations entreprises, un nouveau métier en OF 
  4. Comment piloter efficacement son action en alternance
  5. Le stagiaire en alternance remplace-t-il le salarié ?
  6. Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Après plusieurs années de croissance exceptionnelle, l’alternance en France entre dans une phase de transition. Le Tableau de bord de l’Observatoire de l’Alternance – novembre 2025 met en évidence un ralentissement progressif des entrées, particulièrement marqué en 2025. Ce mouvement interroge légitimement les acteurs de la formation : assiste-t-on à une remise en cause du modèle ou à une normalisation après une période de croissance hors norme ?

Pour les organismes de formation comme pour les entreprises, comprendre cette dynamique est devenu un enjeu stratégique.

Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Une croissance spectaculaire… suivie d’un palier

La réforme de 2018 a profondément transformé l’alternance, en particulier l’apprentissage. Entre 2018 et 2022, les effectifs ont progressé à un rythme inédit, portés par :

  • une libéralisation de l’offre de formation,

  • des aides financières massives à l’embauche,

  • une attractivité renforcée auprès des jeunes et du supérieur.

Après ce cycle de forte expansion, les années 2023 et 2024 ont marqué un ralentissement. L’année 2024 se clôt encore sur une légère hausse, mais 2025 confirme un reflux des entrées, désormais difficile à ignorer.

Il ne s’agit pas d’un effondrement brutal, mais bien d’une baisse lente et continue, avec de fortes disparités selon les secteurs et les niveaux de formation.


Apprentissage : stabilisation puis tassement

L’apprentissage reste le pilier central de l’alternance. Toutefois, les signaux récents montrent un essoufflement :

  • stagnation des entrées fin 2024,

  • recul attendu en 2025, estimé entre –5 % et –10 % selon les domaines,

  • tassement plus marqué dans certaines formations du supérieur.

Ce ralentissement ne traduit pas une perte d’intérêt des jeunes, mais plutôt :

  • une réduction progressive des aides publiques,

  • l’introduction de restes à charge pour les entreprises,

  • un climat d’incertitude réglementaire qui freine les décisions d’embauche.

L’apprentissage entre ainsi dans une phase de sélectivité accrue, où la logique quantitative laisse place à une approche plus stratégique.


Contrat de professionnalisation : un déclin structurel

Le constat est nettement plus sévère pour les contrats de professionnalisation. Après plusieurs années de recul, l’année 2024 marque une chute historique, prolongée en 2025.

Ce dispositif, autrefois complémentaire de l’apprentissage, se retrouve fragilisé par :

  • la suppression de la prime à l’embauche,

  • un transfert massif des jeunes vers l’apprentissage,

  • un recentrage sur les demandeurs d’emploi et des formations plus courtes.

Aujourd’hui, le contrat de professionnalisation ne joue plus qu’un rôle résiduel, ciblé sur certains secteurs et profils spécifiques. La complémentarité des deux contrats d’alternance, pourtant recherchée, s’en trouve affaiblie.


Un paradoxe : moins d’alternance, mais toujours plus efficace

Le ralentissement observé ne remet pourtant pas en cause l’efficacité du modèle. Tous les indicateurs d’insertion restent très favorables à l’alternance :

  • accès plus rapide à l’emploi,

  • taux de CDI supérieurs à la voie scolaire,

  • meilleure progression salariale à moyen terme.

L’alternance conserve également un rôle central d’ascenseur social, en particulier pour les jeunes issus de milieux moins favorisés. Une fois l’accès au dispositif obtenu, les écarts d’insertion et de réussite se réduisent fortement.

Ce paradoxe est au cœur du débat actuel : l’alternance fonctionne, mais son environnement économique et réglementaire se durcit.


Une alternance devenue variable d’ajustement budgétaire

Le tableau de bord 2025 souligne un point clé : les évolutions récentes relèvent davantage de choix budgétaires que d’une remise en cause pédagogique.

Les modifications fréquentes des règles du jeu (aides, niveaux de prise en charge, exonérations) introduisent une instabilité préjudiciable :

  • les entreprises hésitent à s’engager sur le long terme,

  • les familles manquent de visibilité,

  • les organismes de formation doivent adapter en permanence leurs modèles.

Dans ce contexte, l’alternance devient une variable d’ajustement, alors même qu’elle constitue l’un des outils les plus efficaces de politique de l’emploi et des compétences.


Quelles conséquences pour les acteurs de la formation ?

Pour les organismes de formation, cette nouvelle phase impose un changement de posture :

  • passer d’une logique de volume à une logique de qualité,

  • renforcer l’accompagnement des entreprises et des apprenants,

  • sécuriser les parcours pour limiter les ruptures,

  • diversifier les sources de financement et les modalités pédagogiques.

L’alternance de demain sera probablement moins massive, mais plus ciblée, plus professionnalisante et plus exigeante.


 

Oui, le constat est clair : l’alternance connaît une baisse lente et continue. Mais cette évolution ne signe ni son échec ni sa fin. Elle marque la fin d’un cycle exceptionnel et l’entrée dans une phase de maturité contrainte.

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