Pourquoi des OF restent dans le modèle subventionné ?

Pourquoi des OF restent dans le modèle subventionné ?

Après le dernier décret visant à réglementer la communication des NPEC, Les Experts Compétences trouvent que la main mise de l’état dans la gestion de leur entreprise devient carrément insupportable. Mais, ils ne sont pas dupent. Le secteur de la formation professionnelle est dopé aux subventions.

  1. Analyse du rapport sur l’usage des fonds de la FPC
  2. La formation doit-elle obéir à des normes
  3. Les normes en formation VS le secteur agricole
  4. OF : Retour sur le poids des normes
  5. Crise budgétaire : A qui profite l’excès de normes ?
  6. Les 2 maux qui tuent la formation professionnelle
  7. Instabilité, normes : comment avancer malgré tout ?
  8. Asphyxie et incohérences dénoncés par les OF 
  9. NPEC encore un décret qui tue.
  10.  Pourquoi les OF restent dans le modèle subventionné

Le décret de décembre 2025 plafonnant notamment les dépenses de communication intégrées aux NPEC n’est pas un simple ajustement technique. Il s’inscrit dans un mouvement plus large : la reprise en main progressive, centralisée et normative de l’économie de la formation professionnelle, y compris lorsqu’elle relève du secteur privé.

Pour beaucoup d’organismes de formation (OF), notamment ceux de taille intermédiaire (2 à 10 M€ de chiffre d’affaires), une question devient désormais incontournable :

Est-il encore possible de fonctionner, de se développer et de rester indépendant sans dépendre structurellement des subventions et financements publics ?

La réponse est moins simple qu’un oui ou non. Mais une chose est certaine : le modèle actuel atteint ses limites.

Pourquoi des OF restent dans le modèle subventionné ?

1. Un secteur devenu dépendant… puis piloté
La « drogue » des financements publics

Depuis plus de dix ans, le secteur de la formation a été incité – parfois contraint – à se structurer autour de financements publics ou para-publics :

  • financements mutualisés (Opco),
  • apprentissage et NPEC,
  • dispositifs régionaux ou nationaux,
  • aides exceptionnelles et mesures transitoires.

Cette logique a produit des effets positifs : professionnalisation, massification de l’alternance, sécurisation de l’accès à la formation.

Mais elle a aussi généré une dépendance structurelle :

  • marges construites sur des barèmes administrés,
  • stratégies commerciales alignées sur les règles de financement,
  • communication et recrutement indirectement subventionnés.

👉 Dès lors que l’État resserre le cadre, c’est toute l’économie du secteur qui vacille.

 

2. Le tournant actuel : de la régulation à la tutelle

Le plafonnement des frais de communication n’est pas anecdotique.

Il signifie implicitement que :

  • recruter un alternant,
  • attirer un public,
  • accompagner la mise en relation avec l’entreprise

ne doivent plus relever d’une stratégie économique libre, mais d’un cadre budgétaire administré.

Pour beaucoup d’OF, le sentiment est clair :

nous ne sommes plus seulement financés par la puissance publique, nous sommes pilotés par elle.

Ce glissement transforme le dirigeant d’OF en gestionnaire de contraintes réglementaires, au détriment de son rôle entrepreneurial.

 

3. Peut-on maintenir 2 à 10 M€ de CA sans subventions ?


Réponse courte : oui, mais pas avec le modèle dominant actuel.

Il existe des OF – y compris des CFA – qui y parviennent. Mais ils partagent des caractéristiques très différentes des structures « standards » du marché subventionné.

 

4. Les modèles qui fonctionnent (ou fonctionnent mieux)


1️⃣ Les OF orientés marché (B2B / compétences critiques)

Ces organismes :

  • vendent directement aux entreprises,
  • travaillent sur des compétences à forte valeur (management, numérique, réglementaire, métiers en tension),
  • raisonnent en retour sur investissement, pas en coût pédagogique.

Le financement public devient marginal, voire inexistant.

👉 Le prix n’est plus plafonné, mais justifié.

 

2️⃣ Les CFA hybrides

Certains CFA réussissent à :

  • maintenir une activité apprentissage,
  • tout en développant des activités hors alternance :
  • formations continues premium,
  • certifications privées,
  • prestations de conseil, d’ingénierie pédagogique ou RH.

L’apprentissage n’est plus le moteur unique, mais un levier parmi d’autres.

 

3️⃣ Les OF à marque forte

Ils ont investi sur :

  • une identité claire,
  • une expertise reconnue,
  • une capacité à attirer sans dépendre exclusivement de la publicité subventionnée.

Ces OF supportent mieux la réduction des budgets de communication, car leur attractivité ne repose pas uniquement sur l’achat de leads.

 

5. Sortir de Qualiopi : une fausse bonne idée ?

La tentation est réelle.

Ce que permet le refus ou l’abandon de Qualiopi

  • liberté totale de fixation des prix,
  • fin de la dépendance aux financeurs publics,
  • allègement administratif significatif.

Mais les conséquences sont lourdes

  • exclusion des financements Opco,
  • impossibilité de proposer de l’apprentissage financé,
  • recentrage obligatoire sur un marché solvable (entreprises, particuliers).

👉 Abandonner Qualiopi n’est pas une stratégie d’évitement, c’est un changement radical de modèle économique.

Les OF qui y survivent sont ceux qui ont :

  • une proposition de valeur très claire,
  • une capacité commerciale forte,
  • une clientèle prête à payer hors subvention.

 

6. Comment faire concrètement ?

Les leviers clés


🔹 Repenser la chaîne de valeur

Ne plus raisonner en heures financées, mais en :

    • résultats,
    • montée en compétences,
    • transformation mesurable.

🔹 Reprendre la maîtrise commerciale

    • prospection directe,
    • partenariats entreprises,
    • logique de compte clé,
    • cycles de vente assumés.

🔹 Diversifier les sources de revenus

    • blended learning premium,
    • abonnements entreprises,
    • licences de contenus,
    • accompagnement et conseil.

🔹 Accepter une décroissance transitoire

Sortir de la dépendance publique implique souvent :

    • une baisse temporaire du CA,
    • une restructuration,
    • un repositionnement stratégique.

👉 Mais cette décroissance peut être le prix de la souveraineté économique.

 

7. Mission impossible ? Non. Transformation difficile ? Oui.

La question n’est pas de savoir si l’État a raison ou tort. Le fait est là : le cadre se resserre, et il continuera de se resserrer.

Dans ce contexte, deux stratégies s’opposent :

  • s’adapter en permanence à un système de plus en plus administré,
  • ou reconstruire un modèle plus autonome, plus risqué à court terme, mais plus durable.

Les OF de taille intermédiaire sont à la croisée des chemins : trop gros pour bricoler, trop petits pour absorber indéfiniment les chocs réglementaires.

 

 Une question de choix, pas de nostalgie

Fonctionner sans subventions n’est pas un retour en arrière, ni un rejet idéologique. C’est un choix stratégique exigeant.

Le vrai sujet n’est pas de défendre un modèle ancien, mais de savoir si les dirigeants d’organismes de formation veulent rester :

  • des entrepreneurs responsables de leur stratégie,
  • ou des exécutants performants d’un cadre administré.

Le décret sur la communication n’est pas une exception. Il est un symptôme.

La question est désormais ouverte : combien d’organismes feront le choix de l’autonomie, et à quel prix ?

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NPEC encore un décret qui tue

NPEC encore un décret qui tue

Les Experts Compétences n’en peuvent plus… Dans un contexte déjà marqué par des tensions budgétaires et une baisse progressive des entrées en alternance, ces changements méritent une lecture attentive. Ils traduisent un pilotage plus centralisé, plus normé et plus contraint du financement de l’apprentissage.

  1. La formation doit-elle obéir à des normes
  2. Les normes en formation VS le secteur agricole
  3. La crise des normes en formation et ses impacts
  4. OF : Retour sur le poids des normes
  5. A qui profitent toutes ces normes ?
  6. Crise budgétaire : A qui profite l’excès de normes ?
  7. Les 2 maux qui tuent la formation professionnelle
  8. Instabilité, normes : comment avancer malgré tout ?
  9. Asphyxie et incohérences dénoncés par les OF
  10. NPEC encore un décret qui tue.

Un nouveau décret, publié le 9 décembre 2025, modifie en profondeur les règles de détermination des niveaux de prise en charge (NPEC) des contrats d’apprentissage. Derrière des ajustements techniques, le décret n° 2025-1174 du 8 décembre 2025 introduit des évolutions structurantes pour les organismes de formation, les branches professionnelles et les opérateurs de compétences.

NPEC encore un décret qui tue

1. Un plafonnement inédit des frais de communication

Le décret instaure une nouveauté très concrète :

Les charges de communication prises en compte dans le calcul du NPEC sont désormais plafonnées à 300 euros par apprenti et par an.

Jusqu’à présent, ces dépenses pouvaient être intégrées sans plafond explicite, dans la limite de leur caractère justifié.

Ce que cela change pour les OF

  • reconnaissance officielle des frais de communication… mais dans un cadre strictement borné ;

  • pression accrue sur les stratégies de recrutement des apprentis ;

  • risque de fragilisation pour les organismes fortement dépendants de campagnes d’acquisition (digital, salons, orientation).

👉 Ce plafonnement s’inscrit clairement dans une logique de maîtrise des coûts, plus que de soutien au développement de l’offre.


2. Un rôle renforcé de France compétences dans le recensement des contrats

Le décret formalise une méthode déjà partiellement mise en œuvre :

  • France compétences, en lien avec les Opco, recense périodiquement les contrats d’apprentissage conclus ;

  • ce recensement est effectué par certification et par branche (CPNE ou commission paritaire) ;

  • il sert de base à l’élaboration des recommandations sur les niveaux et règles de prise en charge.

Cette évolution confirme la montée en puissance de France compétences comme acteur central du pilotage financier de l’alternance.


3. Des NPEC désormais fixés pour une durée minimale de trois ans

Autre évolution majeure :

  • la durée minimale d’application d’un NPEC passe de 2 ans à 3 ans ;

  • ce NPEC reste applicable lors du renouvellement de l’enregistrement RNCP, sauf modification substantielle du diplôme ou du titre.

Une stabilité relative

Cette mesure peut être lue de deux manières :

  • positivement, comme un facteur de visibilité accrue pour les acteurs ;

  • plus prudemment, comme un gel prolongé de niveaux de financement parfois déjà sous tension.

La stabilité apportée est donc réelle, mais conditionnée aux recommandations de France compétences, qui peuvent toujours conduire à des ajustements.


4. Une procédure de détermination des NPEC profondément réorganisée

Le décret modifie la logique même de construction des NPEC.

Désormais : une procédure descendante

  • France compétences publie ses recommandations ;

  • les branches disposent de 3 mois pour les prendre en compte ;

  • ce délai court à compter de la publication au Bulletin officiel du ministère du Travail.

Auparavant, la procédure reposait davantage sur une initiative des branches, avec des délais plus courts et un enchaînement différent.

👉 Le changement est clair : les recommandations de France compétences deviennent le point de départ, et non plus une étape intermédiaire.


5. Cas particuliers : NPEC intermédiaires et diplômes modifiés

Le décret précise les situations dans lesquelles un NPEC doit être déterminé en cours de cycle, notamment lorsque :

  • un diplôme ou titre voit son enregistrement RNCP renouvelé avec modification substantielle ;

  • le NPEC n’a pas été fixé lors de la procédure initiale.

Dans ces cas :

  • France compétences publie ses recommandations ;

  • les branches disposent également de 3 mois pour déterminer le NPEC.

Cette clarification vise à éviter les zones grises, mais elle renforce encore le rôle normatif de France compétences.


6. Révision des recommandations : des délais allongés mais un contrôle accru

Lorsque France compétences révise ses recommandations au cours des trois années d’application d’un NPEC :

  • les branches disposent désormais de 2 mois pour les prendre en compte (contre 1 mois auparavant) ;

  • les Opco doivent transmettre « sans délai » les NPEC arrêtés à France compétences.

En parallèle, France compétences communique au fil de l’eau au ministère du Travail :

  • les branches n’ayant pas respecté leurs obligations ;

  • les diplômes ou titres concernés.

👉 Ce suivi renforcé traduit une logique de redevabilité accrue des branches professionnelles.


7. Une réforme technique… aux effets très concrets

Pris dans leur ensemble, ces ajustements dessinent une orientation claire :

  • pilotage plus centralisé du financement de l’apprentissage ;

  • encadrement renforcé des coûts jugés périphériques ;

  • responsabilisation accrue des branches et des Opco ;

  • réduction des marges de manœuvre des organismes de formation.

Dans un contexte de ralentissement des entrées en alternance, ces évolutions interrogent la capacité du système à concilier maîtrise budgétaire et développement de l’offre.

 


Ce que les organismes de formation doivent retenir

1. Une contrainte financière supplémentaire
Le plafonnement des frais de communication à 300 € par apprenti réduit mécaniquement les marges de manœuvre des organismes, en particulier pour ceux qui investissent fortement dans l’orientation, l’attractivité des métiers et le recrutement des publics.

2. Un pilotage plus centralisé par France compétences
Les recommandations de France compétences deviennent le point de départ du processus de détermination des NPEC. Les branches disposent de moins de latitude stratégique et doivent s’inscrire dans un cadre plus normé.

3. Une visibilité accrue… sous conditions
La fixation des NPEC pour trois ans apporte une stabilité bienvenue, mais elle fige aussi des niveaux de financement parfois déjà en tension, dans un contexte de hausse des coûts pour les OF.

4. Une exigence renforcée de conformité et d’anticipation
Les délais, les obligations de transmission et le suivi « au fil de l’eau » impliquent une organisation interne plus rigoureuse et une veille réglementaire renforcée.

 


Ce décret dans la continuité des arbitrages budgétaires récents

Pris isolément, le décret du 8 décembre 2025 pourrait être lu comme un simple ajustement technique. Replacé dans son contexte, il s’inscrit clairement dans une dynamique plus large.

Depuis plusieurs mois, les acteurs de la formation alertent sur des arbitrages budgétaires jugés asphyxiants et incohérents. Baisse des aides, révisions successives des niveaux de prise en charge, introduction de restes à charge : ces décisions successives ont déjà fragilisé l’écosystème.

Le présent décret en est une traduction opérationnelle supplémentaire. Il ne remet pas en cause l’apprentissage sur le plan pédagogique, mais il resserre encore le cadre économique dans lequel les organismes doivent opérer.

Il confirme également le constat développé dans nos précédentes analyses :

  • la dynamique de l’alternance ne s’effondre pas, mais elle s’érode progressivement ;

  • l’apprentissage reste performant en matière d’insertion, mais devient plus coûteux à porter pour les acteurs de terrain ;

  • la formation est de plus en plus utilisée comme variable d’ajustement budgétaire, malgré son efficacité démontrée.

Autrement dit, ce décret ne marque pas une rupture, mais une étape supplémentaire dans un changement de cycle.


 

Le décret du 8 décembre 2025 ne constitue pas une réforme spectaculaire, mais il marque une étape supplémentaire dans la rationalisation budgétaire de l’apprentissage.

Pour les organismes de formation, il impose une adaptation rapide :

  • meilleure maîtrise des coûts,

  • justification accrue des dépenses,

  • anticipation des cycles longs de financement.

L’enjeu dépasse la seule technique financière : il pose la question du modèle économique durable de l’apprentissage, à l’heure où son efficacité n’est plus à démontrer mais où ses conditions de financement se resserrent.


 


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  • réforme alternance

  • organismes de formation

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SOURCES

  • Décret n° 2025-1174 du 8 décembre 2025 relatif aux procédures de détermination des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage, Journal officiel du 9 décembre 2025
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Asphyxie et incohérences dénoncés par les Organismes formation

Asphyxie et incohérences dénoncés par les Organismes formation

Les Experts Compétences dénoncent depuis pas mal de temps les mesures prises par les pouvoirs publics à l’encontre du secteur de la formation professionnelle qui va finir comme l’agriculture, l’hôpital, le commerce, l’industrie dans un marasme sans espoir.

  1. La formation doit-elle obéir à des normes
  2. Les normes en formation VS le secteur agricole
  3. La crise des normes en formation et ses impacts
  4. OF : Retour sur le poids des normes
  5. A qui profitent toutes ces normes ?
  6. Crise budgétaire : A qui profite l’excès de normes ?
  7. Les 2 maux qui tuent la formation professionnelle
  8. Instabilité, normes : comment avancer malgré tout ?
  9. Asphyxie et incohérences dénoncés par les OF

Depuis plusieurs mois, les organismes de formation, les réseaux de CFA et les acteurs de l’alternance multiplient les alertes auprès de Matignon. Leur message est désormais explicite : les choix budgétaires opérés fragilisent gravement l’écosystème de la formation professionnelle, au risque de casser une dynamique pourtant reconnue comme efficace.

Derrière des mots forts — asphyxiants, incohérents — se cache une réalité structurelle.

Asphyxie et incohérences dénoncés par les Organismes formation

1️⃣ Pourquoi parle-t-on d’« asphyxie » ?

Le terme n’est pas excessif du point de vue des acteurs de terrain.

🔹 Une accumulation de mesures restrictives

Ce qui pose problème n’est pas une décision isolée, mais l’empilement rapide de signaux négatifs :

  • baisse ou suppression de certaines aides à l’embauche,

  • introduction de restes à charge pour les entreprises,

  • révisions successives des niveaux de prise en charge,

  • instabilité réglementaire permanente.

Pris individuellement, ces ajustements peuvent sembler techniques. Pris ensemble, ils réduisent brutalement la capacité des organismes à investir, recruter et sécuriser les parcours.

👉 Résultat : des trésoreries sous tension, une visibilité quasi nulle à moyen terme, et une prudence généralisée.

 


2️⃣ Une incohérence stratégique majeure

Les organismes pointent une contradiction de fond.

🔹 Un discours politique unanimement favorable…

L’alternance est régulièrement présentée comme :

  • un levier clé pour l’emploi des jeunes,

  • un outil de montée en compétences,

  • un facteur de cohésion sociale et d’ascenseur social.

Les données publiques confirment ces bénéfices : insertion plus rapide, emploi durable, réduction des inégalités.

🔹 …mais des choix budgétaires contraires

Dans le même temps :

  • les dispositifs les plus efficaces sont freinés,

  • les règles changent plus vite que les cycles de formation,

  • l’alternance devient une variable d’ajustement budgétaire.

👉 Pour les organismes, cette incohérence crée un sentiment de pilotage à vue, incompatible avec des parcours qui se construisent sur plusieurs années.

 


3️⃣ Des effets concrets pour les apprenants et les entreprises

Les arbitrages budgétaires ne touchent pas que les structures : ils ont des conséquences en cascade.

🔹 Pour les apprenants

  • réduction de l’offre de formation dans certains territoires,

  • sélection accrue à l’entrée,

  • risques de ruptures plus élevés faute d’accompagnement renforcé.

Ce sont souvent les publics les plus fragiles qui en subissent les premiers effets.

🔹 Pour les entreprises

  • hésitation à recruter en alternance,

  • recentrage sur des profils “rentables” à court terme,

  • abandon de projets de formation pourtant nécessaires.

À moyen terme, cela pose un problème clair : moins de compétences formées, alors même que les tensions sur les métiers persistent.

 


4️⃣ Pourquoi les organismes s’adressent directement à Matignon

L’appel à Matignon n’est pas anodin.

Il traduit :

  • un sentiment d’absence de vision globale,

  • une crainte de décisions uniquement dictées par l’urgence budgétaire,

  • la volonté d’un arbitrage politique, au plus haut niveau, entre économies immédiates et coûts futurs.

Les acteurs de la formation rappellent un point central :
chaque euro économisé aujourd’hui sur l’alternance peut générer demain des dépenses bien plus élevées en chômage, en dispositifs de rattrapage ou en pénurie de compétences.

 


5️⃣ Ce que cela signifie pour les organismes de formation

Dans ce contexte, les OF entrent dans une nouvelle phase :

  • fin d’une logique de croissance quantitative,

  • nécessité de renforcer la qualité, la sécurisation des parcours et la valeur ajoutée,

  • obligation de revoir les modèles économiques,

  • montée en importance du partenariat entreprise–formation.

👉 Mais cette adaptation a ses limites : sans cadre stable, même les organismes les plus structurés finissent par freiner.

 


 Un signal d’alerte, pas une posture

L’appel des organismes de formation à Matignon n’est ni corporatiste ni idéologique. Il s’agit d’un signal d’alerte systémique.

Le message est simple :

L’alternance fonctionne, mais elle ne peut pas être pilotée uniquement par des arbitrages budgétaires de court terme.

La question n’est donc pas de savoir s’il faut réguler ou ajuster, mais comment préserver un dispositif stratégique sans en dégrader les effets à long terme.

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Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Les Experts Compétences depuis des années ont incité les OF à investir le champ de l’alternance. Une réussite jusqu’à 2024… 

  1. Les aides à l’alternance jouent les prolongation
  2. De formateur à chasseur d’entreprise
  3. Chargé de relations entreprises, un nouveau métier en OF 
  4. Comment piloter efficacement son action en alternance
  5. Le stagiaire en alternance remplace-t-il le salarié ?
  6. Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Après plusieurs années de croissance exceptionnelle, l’alternance en France entre dans une phase de transition. Le Tableau de bord de l’Observatoire de l’Alternance – novembre 2025 met en évidence un ralentissement progressif des entrées, particulièrement marqué en 2025. Ce mouvement interroge légitimement les acteurs de la formation : assiste-t-on à une remise en cause du modèle ou à une normalisation après une période de croissance hors norme ?

Pour les organismes de formation comme pour les entreprises, comprendre cette dynamique est devenu un enjeu stratégique.

Alternance : fin de cycle ou mutation ?

Une croissance spectaculaire… suivie d’un palier

La réforme de 2018 a profondément transformé l’alternance, en particulier l’apprentissage. Entre 2018 et 2022, les effectifs ont progressé à un rythme inédit, portés par :

  • une libéralisation de l’offre de formation,

  • des aides financières massives à l’embauche,

  • une attractivité renforcée auprès des jeunes et du supérieur.

Après ce cycle de forte expansion, les années 2023 et 2024 ont marqué un ralentissement. L’année 2024 se clôt encore sur une légère hausse, mais 2025 confirme un reflux des entrées, désormais difficile à ignorer.

Il ne s’agit pas d’un effondrement brutal, mais bien d’une baisse lente et continue, avec de fortes disparités selon les secteurs et les niveaux de formation.


Apprentissage : stabilisation puis tassement

L’apprentissage reste le pilier central de l’alternance. Toutefois, les signaux récents montrent un essoufflement :

  • stagnation des entrées fin 2024,

  • recul attendu en 2025, estimé entre –5 % et –10 % selon les domaines,

  • tassement plus marqué dans certaines formations du supérieur.

Ce ralentissement ne traduit pas une perte d’intérêt des jeunes, mais plutôt :

  • une réduction progressive des aides publiques,

  • l’introduction de restes à charge pour les entreprises,

  • un climat d’incertitude réglementaire qui freine les décisions d’embauche.

L’apprentissage entre ainsi dans une phase de sélectivité accrue, où la logique quantitative laisse place à une approche plus stratégique.


Contrat de professionnalisation : un déclin structurel

Le constat est nettement plus sévère pour les contrats de professionnalisation. Après plusieurs années de recul, l’année 2024 marque une chute historique, prolongée en 2025.

Ce dispositif, autrefois complémentaire de l’apprentissage, se retrouve fragilisé par :

  • la suppression de la prime à l’embauche,

  • un transfert massif des jeunes vers l’apprentissage,

  • un recentrage sur les demandeurs d’emploi et des formations plus courtes.

Aujourd’hui, le contrat de professionnalisation ne joue plus qu’un rôle résiduel, ciblé sur certains secteurs et profils spécifiques. La complémentarité des deux contrats d’alternance, pourtant recherchée, s’en trouve affaiblie.


Un paradoxe : moins d’alternance, mais toujours plus efficace

Le ralentissement observé ne remet pourtant pas en cause l’efficacité du modèle. Tous les indicateurs d’insertion restent très favorables à l’alternance :

  • accès plus rapide à l’emploi,

  • taux de CDI supérieurs à la voie scolaire,

  • meilleure progression salariale à moyen terme.

L’alternance conserve également un rôle central d’ascenseur social, en particulier pour les jeunes issus de milieux moins favorisés. Une fois l’accès au dispositif obtenu, les écarts d’insertion et de réussite se réduisent fortement.

Ce paradoxe est au cœur du débat actuel : l’alternance fonctionne, mais son environnement économique et réglementaire se durcit.


Une alternance devenue variable d’ajustement budgétaire

Le tableau de bord 2025 souligne un point clé : les évolutions récentes relèvent davantage de choix budgétaires que d’une remise en cause pédagogique.

Les modifications fréquentes des règles du jeu (aides, niveaux de prise en charge, exonérations) introduisent une instabilité préjudiciable :

  • les entreprises hésitent à s’engager sur le long terme,

  • les familles manquent de visibilité,

  • les organismes de formation doivent adapter en permanence leurs modèles.

Dans ce contexte, l’alternance devient une variable d’ajustement, alors même qu’elle constitue l’un des outils les plus efficaces de politique de l’emploi et des compétences.


Quelles conséquences pour les acteurs de la formation ?

Pour les organismes de formation, cette nouvelle phase impose un changement de posture :

  • passer d’une logique de volume à une logique de qualité,

  • renforcer l’accompagnement des entreprises et des apprenants,

  • sécuriser les parcours pour limiter les ruptures,

  • diversifier les sources de financement et les modalités pédagogiques.

L’alternance de demain sera probablement moins massive, mais plus ciblée, plus professionnalisante et plus exigeante.


 

Oui, le constat est clair : l’alternance connaît une baisse lente et continue. Mais cette évolution ne signe ni son échec ni sa fin. Elle marque la fin d’un cycle exceptionnel et l’entrée dans une phase de maturité contrainte.

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Qu’est-ce que l’ASP ?

Qu’est-ce que l’ASP ?

Les Experts Compétences n’ont pas de bons souvenirs du travail avec l’ASP. L’ASP, dans l’esprit de nombreux acteurs de la formation et de l’apprentissage, reste associée à une époque de lourdeurs administratives, retards de paiement et procédures kafkaïennes.

ASP = Agence de Services et de Paiement

On parle du retour de l’ASP, aujourd’hui

L’ASP : ce qu’elle est, ce qu’elle a été… et ce que son retour possible signifie vraiment pour la formation

Qu’est-ce que l’ASP ?

1️⃣ Qu’est-ce que l’ASP ?


ASP = Agence de Services et de Paiement

C’est un établissement public national placé sous la tutelle de l’État (Ministère de l’Agriculture et Ministère du Travail).

Son rôle historique :

Gérer, instruire et payer des aides publiques pour le compte de l’État.

Elle intervient dans de très nombreux domaines :

  • aides agricoles (PAC),
  • dispositifs emploi,
  • service civique,
  • contrats aidés,
  • aides exceptionnelles entreprises,
  • formations financées sur fonds publics,
  • ancien système de soutien à l’apprentissage.

L’ASP n’est donc pas un organisme de décision politique ni d’ingénierie pédagogique :


➡️ C’est un outil purement administratif et financier, chargé d’exécuter des paiements selon des règles définies par l’État.

 

2️⃣ Votre souvenir est exact : le passé de l’ASP avec l’apprentissage

Avant la réforme de 2018 (création de France Compétences et des OPCO), l’ASP gérait directement une grande partie des versements liés à l’apprentissage.

Et les acteurs de terrain s’en souviennent très bien…

✅ Réalités vécues à l’époque :

  • Retards chroniques de paiement
  • Dossiers bloqués pour des erreurs mineures
  • Injonctions contradictoires
  • Changements de procédures non anticipés
  • Documents à renvoyer plusieurs fois
  • Manque total d’interlocuteurs stabilisés
  • CFA fragilisés par des trous de trésorerie

Le système fonctionnait ainsi :

CFA ➜ Dépôt des justificatifs ➜ ASP ➜ Contrôles ➜ Paiement différé

🛑 Chaque “grain de sable” bloquait toute la chaîne.

 

Résultat :


➡️ Des délais de paiement qui pouvaient atteindre 3 à 6 mois, parfois davantage.
➡️ Des centres de formation mis en difficulté financière, alors même que les apprentis étaient bien formés… mais pas payés.

 

3️⃣ Pourquoi reparle-t-on aujourd’hui de l’ASP ?


Parce que l’État cherche à reprendre le contrôle financier du système

Depuis 2022, plusieurs scandales ont mis en lumière :

  • des détournements du CPF,
  • de la fraude à l’apprentissage,
  • des montages fictifs de “CFA fantômes”,
  • des surfacturations NPEC.

L’exécutif a donc pris un virage clair :

« On ne délègue plus la gestion de milliards d’euros à des acteurs intermédiaires dispersés ;
on centralise les paiements là où on peut contrôler. »

Et l’ASP est l’outil administratif idéal pour cette stratégie, car elle possède :

  • une forte capacité de contrôle,
  • une chaîne de paiement nationale,
  • des systèmes interconnectés avec la Sécurité sociale, l’URSSAF, etc.

 

4️⃣ En clair : quel serait le nouveau rôle de l’ASP ?

Dans le scénario actuellement envisagé :

✅ L’ASP deviendrait le payeur unique des dispositifs structurants de la formation, notamment :

  • Les contrats d’apprentissage
  • Les flux budgétaires pilotés par France Compétences

Les OPCO :

  • ne verseraient plus directement certains financements,
  • resteraient conseillers de branches et ingénieurs de filière.

Nouvelle chaîne théorique :


OF / CFA
↓ (remontée des données)
France Compétences
↓ (répartition budgétaire)
ASP
↓ (contrôles & paiement)
OF / CFA

 

5️⃣ Enfin LA question centrale :


⚠️ Est-ce une bonne nouvelle ?

Soyons parfaitement honnêtes :

❌ Sur le plan opérationnel terrain à court terme : inquiétant

On sait par expérience que :

  • L’ASP fonctionne lentement.
  • C’est une structure très procédurale.
  • Elle privilégie le contrôle avant paiement.
  • Il y a peu de souplesse dans la gestion des erreurs.

➡️ Tout est exact ce que vous redoutez.

 

✅ Sur le plan politique et budgétaire : rassurant pour l’État

Pour la puissance publique :

  • Centralisation = lutte contre la fraude.
  • Maîtrise des délais budgétaires.
  • Réduction des “fuites financières”.

Mais ce qui est bénéfice pour Bercy…

👉 …devient souvent un risque de trésorerie pour les OF.

 

6️⃣ Ce qui change fondamentalement par rapport à l’époque

 

La seule grande différence avec “l’ancien ASP” :

👉 Les outils numériques

Systèmes SI unifiés (France Connect, DSN, URSSAF, etc.).

Déclarations partiellement automatisées.

Tracabilité plus fluide.

Sur le papier, les délais devraient être mieux maîtrisés qu’en 2015.

Dans la réalité terrain, les périodes de bascule sont toujours chaotiques :

    • adaptation des SI,
    • formation des agents,
    • bugs de démarrage,
    • saturation des services ASP.

👉 Les 12–18 premiers mois seraient objectivement risqués en termes de trésorerie.

 

7️⃣ Les risques très concrets pour les organismes de formation

 

Pour un OF ou un CFA, les dangers sont clairs :

⚠️ Risques directs :

  • Paiements retardés
  • Dossiers suspendus pour non-conformité documentaire
  • Flux irréguliers = trésorerie sous tension
  • Moins de latitude de négociation avec un payeur centralisé

⚠️ Effets induits :

  • Fragilisation des structures petites/moyennes
  • Concurrence favorisant les acteurs très capitalisés
  • Concentration du marché
  • Dépendance accrue aux banques
  •  

8️⃣ Ce que doivent faire les OF dès maintenant


✅ Préparer une logique “post-OPCO” de sécurisation de trésorerie


1️⃣ Renforcer la trésorerie

  • Objectif minimum :
  • 6 à 9 mois de charges fixes en réserve

2️⃣ Industrialiser la conformité administrative

Chaque paiement dépendra :

  • de la qualité documentaire,
  • de la traçabilité des parcours,
  • du reporting pédagogique.
  • Zéro tolérance administrative.

3️⃣ Diversifier les sources de revenus

  • B2B privé
  • certifications hors financement public
  • abonnements entreprises
  • services d’ingénierie

4️⃣ Réduire la dépendance monoproduit

Trop d’OF vivent encore à 80 % CPF / apprentissage.

 

9️⃣ Lecture honnête de la réforme


🟥 Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la souplesse opérationnelle.
🟧 Ce n’est pas une catastrophe à long terme pour le secteur.
🟩 C’est un choc d’organisation qui va :

    • éliminer une partie des acteurs les plus fragiles,
    • professionnaliser violemment les survivants,
    • pousser le système vers la concentration et la standardisation.

✅ Verdict sans langue de bois

Vous avez parfaitement formulé la situation :

Si c’est réellement un retour de l’ASP « ancienne version »,
oui — il y a de quoi se faire du souci.

Mais :

  • Le contexte SI est un peu meilleur,
  • Les contrôles seront plus proches en temps réel,
  • La transition sera brutale pour les non-préparés.

 

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MOTS CLÉS 

ASP formation, paiement apprentissage, réforme OPCO 2025, centralisation financement formation, CFA trésorerie, futur OPCO, contrôle fraude CPF, réforme France Compétences.

 

SOURCES

  • Cour des Comptes — rapports formation professionnelle (2023–2024)
  • IGAS / IGF — missions « Gouvernance de l’apprentissage »
  • Centre Inffo — dossiers sur réforme des OPERATEURS et transfert ASP
  • Ministère du Travail — notes sur modernisation de la chaîne de paiement
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2030, que devient la formation professionnelle continue ?

2030, que devient la formation professionnelle continue ?

2030, 85% des métiers n’existent pas encore. Déjà, des tendances se dessinent. Les Experts Compétences navrés de voir la déconfiture actuelle de la formation professionnelle continue, alertent sur les enjeux de la France d’ici à 2030

  1. Former 1 milliard de personne d’ici 2030
  2. OF ! Avez-vous regardé du côté des métiers émergeants ?
  3. 2030, que devient la formation professionnelle continue ?

Scénario 2030 : à quoi ressemblera le paysage de la formation professionnelle en France ?

(le scénario probable et les décisions opérationnelles pour les OF, OPCO et DRH)

2030, que devient la formation professionnelle continue ?

1) Contexte court / moyen terme (2024–2027) : ce qui accélère la transformation

Plusieurs impulsions récentes structurent le « jour d’après » :

  • Des audits d’État et rapports ministériels (IGAS / IGF) recommandent de centraliser davantage la gestion des paiements et du contrôle de l’apprentissage et des dispositifs, en transférant certaines missions financières aux agences publiques (notamment l’ASP). L’idée : fiabiliser les flux, réduire les coûts de gestion et renforcer la lutte contre la fraude.

  • La réforme du financement de l’apprentissage 2025 a modifié les règles de prise en charge (NPEC, minorations selon modalités, etc.), créant une logique de priorisation par branches et une variabilisation des règles de financement. 

  • Pressions budgétaires et appels à économies publiques (cour des comptes / feuille de route budgétaire) contraignent les marges des financeurs et poussent à rationaliser les structures intermédiaires.

  • Parallèlement, des affaires de fraude importantes (exploitation du CPF, réseaux de sociétés écrans) ont démontré les failles du modèle décentralisé, stimulant des réponses plus centralisées et des contrôles renforcés.

Ces éléments rendent probable un transfert effectif, progressif, des fonctions opérationnelles (paiement, gestion contractuelle, contrôles techniques) vers des structures publiques centralisées (ASP / guichet unique) d’ici 2027–2028, tandis que les OPCO perdent en partie leur rôle de « caisse » pour se recentrer sur l’ingénierie métier.

 


2) Scénario plausible à horizon 2030 (description synthétique)

 

A. Rôle des OPCO en 2030 : « experts-filières » et intégrateurs d’ingénierie

Les OPCO existent toujours, mais ont été transformés :

    • Missions conservées : appui aux branches, construction de stratégies de priorisation sectorielles, ingénierie de formation (certifications, parcours métiers), services conseil et animation de filières.

    • Missions transférées : gestion opérationnelle des paiements d’apprenticeship / comptes (vers l’ASP), rôle de payeur diminué, contrôles techniques centralisés.

    • Forme organisationnelle : consolidation (fusions partielles) pour créer des OPCO « élargis » couvrant plusieurs branches complémentaires ; adoption d’un modèle à deux étages : antennes métiers locales + centre d’expertise national.

Conséquence pratique : les OPCO deviennent des partenaires stratégiques pour les branches et entreprises mais moins des financeurs directs, d’où une dépendance accrue des OF sur des règles centralisées et des appels d’offres plus compétitifs.

 

B. Financement et gouvernance : plus de centralité publique

    • L’État / agences (ASP, France Compétences) pilotent davantage l’allocation des fonds et la traçabilité : guichet unique pour apprentissage, bases de données consolidées, contrôles automatisés.

    • Des règles nationales de priorisation coexistent avec marges de modulation par branche (20 % par exemple) pour tenir compte des spécificités sectorielles.

 

C. Fiscalité et charges : moins d’avantages sectaires

    • Les régimes fiscaux dérogatoires (TVA, etc.) des opérateurs ou certaines lignes budgétaires peuvent être revus — traduction : tensions sur les recettes des OPCO, remodelage de leurs business models.

 

D. Qualité & conformité : montée en puissance

    • Contrôles renforcés (data cross-check, IA de détection de fraude), exigences accrues sur la traçabilité pédagogique et l’impact (mesure d’employabilité).

    • Les certifications restent essentielles (Qualiopi révisée vers plus d’impact), et les OF devront produire preuves de performance (placements, montée en compétences mesurée).

 


3) Impacts concrets (OF / DRH / Opco / CFA)

 

Pour les OF

  • Pression concurrentielle accrue : appels d’offres plus stricts, sélection sur performance.

  • Besoins d’ingénierie prouvée : parcours certifiants, évaluations robustes, apprentissage blended.

  • Flux de trésorerie : paiement plus sécurisé mais processus de facturation / contrôle plus pointu ; nécessité d’industrialiser la conformité.

  • Risque pour les petits OF : sortie progressive du champ subventionné si incapacité d’adapter l’offre.

Pour les DRH / entreprises

  • Fluidification administrative (guichet unique) mais relations fournisseurs plus strictes : préférence aux OF référencés et aux parcours mesurables.

  • Possibilité d’un pilotage RH affiné via OPCO repositionnés en experts-filières.

Pour les OPCO

  • Recentrage métier : accompagnement stratégique, ingénierie, animation de branches.

  • Nécessité de se réinventer commercialement (prestations payantes, services à valeur ajoutée).

Pour les territoires & CFA

  • Renforcement du rôle stratégique pour les CFA dans les métiers en tension ; nécessité de partenariats locaux renforcés.

 


4) Trois trajectoires de détail (les « issues » probables) — et leur probabilité

  1. Réforme ordonnée (probable — 55%)
    Transfert progressif des paiements à l’ASP, réaffectation des OPCO en opérateurs d’ingénierie. Mesures de mitigation pour ménager le secteur (périodes de transition, accompagnement).
    Impact : restructuration, mais continuité des financements.

  2. Consolidation forcée (possible — 30%)
    Fusions d’OPCO, rationalisation plus agressive, suppression d’opérateurs jugés inefficients. Accent sur économies.
    Impact : perte d’emplois internes OPCO, renforcement d’un paysage concentré.

  3. Choc réglementaire (moins probable — 15%)
    Mesures brusques après scandales massifs (fraude) ou besoin d’économies drastiques : centralisation forte, rôle marginalisé des OPCO.
    Impact : forte turbulence pour OF; nécessité d’un réalignement rapide vers marchés privés.

 


5) Recommandations pratiques — que faire dès maintenant (plan d’action 2026–2030)

 

A. Pour les organismes de formation (OF) — 6 priorités immédiates

  1. Documenter l’impact pédagogique : mettre en place KPIs mesurables (emploi 6–12 mois, montée en compétences, taux de certification) ; archivage des preuves.

  2. Industrialiser la conformité : process facturation, traçabilité CPF/contrats, audits réguliers.

  3. Se spécialiser : choisir 2–3 niches métiers à forte tension pour capter priorisations de branche.

  4. Construire des parcours certifiants : modularisés, hybrides, avec évaluations automatisées.

  5. Tisser des partenariats OPCO / CFA / entreprises : codevelopper offres afin d’être référencé lorsque les OPCO externalisent l’ingénierie.

  6. Diversifier les revenus : prestations privées, abonnements, services de conseil RH, e-learning B2B.

B. Pour les OPCO — repositionnement stratégique

  1. Se transformer en centre d’expertise : offres de data analytics, priorisation sectorielle.

  2. Monétiser certains services : ingénierie, études, accompagnement d’entreprises.

  3. Conserver proximité : antennes locales maintenues pour le conseil opérationnel.

  4. Moderniser les systèmes : API, interopérabilité avec l’ASP, transparence des données.

C. Pour les DRH / entreprises

  1. Structurer des trajectoires compétences (GPEC renforcée) et co-financements.

  2. Privilégier OF avec preuves d’impact et portefeuilles certifiants.

  3. Sécuriser la chaîne documentaire (contrats, factures, preuve d’assiduité, évaluations).


6) Opportunités (pour ceux qui se préparent)

  • Les OF agiles et tech-savvy augmenteront leur part de marché (parcours hybrides, évaluations IA-driven).

  • OPCO expertisés pourront vendre des services à l’État et aux branches.

  • Entreprises proactives tireront parti d’un guichet unique simplifié pour piloter des politiques compétences efficaces.

 


7) Signes à surveiller (indicateurs d’alerte / confirmation)

Surveillez en particulier :

  • Publications IGAS / IGF et rapports de France Compétences sur les transferts de missions.

  • Textes interministériels et projets de loi de finances (modifications de TVA / régime fiscal).

  • Avis et calendriers du gouvernement concernant le transfert des paiements apprentissage à l’ASP (horizon 2027 mentionné dans plusieurs analyses).

  • Renforcement des dispositifs anti-fraude et enquêtes médiatiques (ils accélèrent la centralisation).

 


8) Message stratégique pour vos lecteurs (OF / Opco / DRH)

L’avenir des OPCO n’est pas la disparition pure et simple : c’est une mutation. D’ici 2030, les OPCO joueront davantage le rôle d’architectes de filière et moins celui de « banque de paiement ». Cette recomposition offre une fenêtre d’opportunité pour les organismes de formation qui accepteront de se réformer : preuves d’impact, industrialisation de la conformité, spécialisation métier, partenariats renforcés.

Pour les décideurs d’organismes de formation et les responsables formation en entreprise : ne subissez pas la réforme — anticipez-la. Le marché à venir rémunérera la qualité, la traçabilité et la capacité à livrer des parcours qui démontrent leur valeur sur l’emploi et l’économie locale.

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Où en sont les OPCO en 2025 ?

Où en sont les OPCO en 2025 ?

Vous le savez, si vous nous suivez; Les Experts Compétences ont toujours soigné les relations entre Opco et OF. 

  1. Quels sont les relations entre Opco et organisme de formation ?
  2. Comment financer une formation avec l’Opco ?
  3. Comment nouer des partenariats avec les Opco ?
  4. Nouer des relations avec les Opco : Exemples 
  5. OF vs OPCO : décalages et malentendus
  6. Ce que les Opco attendent (vraiment) des OF
  7. Quand Opco et OF parlent (enfin) la même langue
  8. Comment les Opco vont contraindre les OF à s’adapter
  9. Où en sont les OPCO en 2025 ?

Mais aujourd’hui,

✅ Le rôle actuel et en cours de redéfinition

  • Les OPCO financent et accompagnent de nombreuses entreprises pour leurs besoins de formation professionnelle, notamment via l’apprentissage, la formation continue, les transitions. En 2023, 4,5 millions de salariés ont bénéficié d’une formation financée via les OPCO. Fonds Social Européen+1

  • Cependant, le cadre institutionnel et financier évolue : la réforme de l’apprentissage 2025 (décrets n° 2025-585 / 2025-586) modifie les modalités de financement : NPEC désormais calculé à la journée plutôt qu’au mois, participation obligatoire des employeurs pour les contrats Bac+3 et plus, minoration pour les formations majoritairement à distance. 

  • Par ailleurs, l’écosystème global de la formation traverse une tension budgétaire : baisse des financements, nécessité d’optimisation, réduction de certaines enveloppes (apprentissage, régions, etc.).

Où en sont les OPCO en 2025 ?

🧩 Les rumeurs sur la “fin des OPCO” : ce qu’elles signifient — et ce qu’elles valent

Depuis quelques mois circule l’idée d’une “réforme silencieuse des OPCO”, voire d’un démantèlement progressif de leurs missions. Voici ce qu’on sait concrètement :

  • Selon un article de novembre 2025, il est prévu le transfert de la gestion des contrats d’apprentissage des OPCO vers l’ASP (Agence de services et de paiement), à horizon fin 2027.

  • Par ailleurs, certaines mesures du projet de loi de finances 2026, évoquées dans les milieux professionnels, pourraient modifier le régime fiscal des OPCO — notamment la fin de leur régime dérogatoire de TVA.

  • Ces évolutions sont qualifiées de “réforme silencieuse” — car contrairement à une suppression ouverte, elles modifient les contours de leurs missions, leurs revenus, et leur rôle de gestionnaire, sans annonce spectaculaire.

👉 Conclusion : les OPCO ne sont pas “liquidés” dans l’immédiat — mais leur rôle institutionnel et leurs prérogatives sont revisités en profondeur, ce qui crée l’impression d’un “jour d’après” pour la formation.

 


🔮 Quel avenir pour les OPCO ? Scénarios probables

Voici plusieurs trajectoires plausibles pour les années à venir :

ScénarioCe que cela implique pour les OPCO / les OF / les entreprises
Réforme et recentrageLes OPCO conservent une partie des missions — appui aux branches, ingénierie, financement, pilotage — mais voient leur rôle administratif central (gestion des contrats d’apprentissage) transféré à l’ASP. Ils deviennent davantage conseillers et facilitateurs qu’opérateurs directs.
Consolidation & spécialisationQuelques OPCO disparaissent ou fusionnent, au profit de “grandes entités” multi-branches. Ceux qui subsistent se concentrent sur des secteurs stratégiques en tension, ce qui renforce l’expertise mais réduit la couverture universelle.
Transition vers un modèle “fonds mutualisés + arbitrage public”Le financement et la répartition des fonds deviennent plus centralisés (via l’État / l’ASP / un autre acteur), avec les OPCO comme prestataires d’ingénierie ou de conseil, moins comme opérateurs financiers.
Érosion progressive avec disparition partielleSi le modèle se fragilise (pression budgétaire, complexité, perte de sens), certains OPCO peuvent fermer ou être absorbés, ce qui redessinerait fortement le paysage de la formation professionnelle.

Parmi ces scénarios, le plus probable à court / moyen terme est le scénario de réforme et recentrage — passage d’un rôle opérationnel à un rôle d’appui stratégique.

 


⚠️ Ce que cela signifie pour les organismes de formation (OF) et les acteurs du secteur

    • Moins d’intermédiaires, plus de charge administrative : si la gestion des contrats est externalisée, les OF devront dialoguer plus directement avec l’ASP ou l’État.

    • Sélectivité accrue : les financements pourraient devenir plus ciblés — priorités métiers en tension, branches stratégiques — ce qui pourrait fragiliser les OF généralistes ou de niche.

    • Pression sur la qualité et la conformité : le “plan qualité et lutte contre la fraude” annoncé pour 2025–2026 impose des exigences renforcées. dumetier.org+1

    • Nécessité d’agilité et d’adaptation : les OF devront développer des offres modulables, ciblées, conformes aux nouvelles règles de financement, et potentiellement chercher des sources alternatives (formations privées, partenariats, financements régionaux, FSE+, etc.).


✅ Notre opinion d’expert : les OPCO changent de peau, mais ne disparaissent pas — pour l’instant

Nous pensons que les OPCO vont survivre, mais transformés :

    • Ils deviendront moindrement des opérateurs financiers,

    • Mais resteront incontournables comme experts métier, référents de branche, facilitateurs de financement,

    • Et joueront un rôle de guichet conseil & ingénierie plus que de “banque de financement”.

Pour les acteurs comme les organisme de formation, directeur, web-marketer dans la formation — c’est une alerte stratégique mais aussi une opportunité.

    • Opportunité de se positionner comme expert dans ce “nouveau monde” : qualité, spécialisation, flexibilité.

    • Nécessité d’anticiper : adapter l’offre, renforcer la conformité, diversifier les financements, surveiller les textes.

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CPF : Nouvelle réforme qui reconfigure les financements FPC

CPF : Nouvelle réforme qui reconfigure les financements FPC

Nouvelle réforme qui attire l’attention de nos Experts Compétences 

 

  1. Qui achète la formation ?
  2. Plus de précisions sur qui achète la formation ?
  3. Le CPF n’est pas la seule source de financement par les particuliers
  4. L’abondement qu’est-ce que c’est ?
  5. L’abondement vient à la rescousse des plans de formation
  6. CPF et permis de conduire
  7. CPF conditions de prise en charge durcies
  8. CPF Nouvelle réforme qui reconfigure les financements

CPF co-construit : la réforme silencieuse qui reconfigure le financement de la formation professionnelle — et fait ressurgir l’esprit du DIF

CPF : Nouvelle réforme qui reconfigure les financements FPC

Une publication au Journal officiel qui change la donne

Le 4 décembre marque une nouvelle étape réglementaire dans l’évolution du Compte Personnel de Formation. Le décret relatif au CPF co-construit acte un principe jusqu’ici inédit dans le paysage français :

Lorsque l’employeur abonde un projet CPF, les sommes versées par l’entreprise deviennent prioritaires dans l’ordre de mobilisation des financements, avant les droits acquis individuellement par le titulaire.

Ce mécanisme peut sembler purement technique. Il traduit pourtant une rupture conceptuelle majeure dans la philosophie du CPF :

  • Le CPF n’est plus exclusivement une épargne individuelle autonome ;

  • Il devient un instrument hybride, situé au croisement du droit personnel du salarié et de la politique compétences de l’entreprise.

Avec ce décret, l’entreprise redevient officiellement un acteur structurant du parcours CPF, ce qui n’était plus réellement le cas depuis la suppression du DIF en 2015.


 

Le basculement d’un modèle ultra-individualisé vers une logique partenariale

Depuis la réforme de 2018 et la monétisation du CPF, le modèle dominant reposait sur une définition simple :

    • Le CPF est propriété individuelle ;

    • L’initiative du projet appartient au salarié ;

    • L’employeur reste au mieux un facilitateur (accord d’absence), rarement un financeur prioritaire.

Cette architecture a profondément modifié le marché de la formation :

    • Explosion des formations courtes, souvent standardisées ;

    • Baisse de l’ingénierie de parcours longs financés par l’entreprise ;

    • Déconnexion croissante entre besoins stratégiques des employeurs et choix individuels des bénéficiaires.

Le CPF était devenu :

✅ Un puissant outil d’activation autonome des individus
❌ Un dispositif partiellement désaligné des besoins économiques réels

Le décret de décembre opère un rééquilibrage structurel :

    • Le CPF devient un outil de co-construction systémique des compétences.

    • Le financement de l’entreprise devient un levier prioritaire dans l’architecture financière du parcours.

Autrement dit :

Ce n’est plus uniquement l’épargne du salarié qui détermine l’accès à la formation —
c’est désormais la convergence entre projet individuel et politique compétences de l’entreprise.

 


Le retour de l’esprit du DIF

Pour de nombreux observateurs de la formation professionnelle, cette évolution rappelle immédiatement le fonctionnement du DIF (Droit Individuel à la Formation), supprimé en 2015.

 

Ce que permettait le DIF

Le DIF :

    • Appartenait juridiquement au salarié,

    • Mais ne pouvait être mobilisé sans accord de l’employeur,

    • S’inscrivait pleinement dans les plans de développement des compétences de l’entreprise,

    • Permettait des logiques de parcours métiers co-financés.

Le DIF structurait un modèle simples :

Droits individuels + validation employeur = stratégie compétences collective

 


Pourquoi le CPF avait rompu avec ce modèle

Le CPF post-réforme de 2018 :

    • Supprime l’autorisation de l’employeur hors temps de travail,

    • Permet une consommation 100 % autonome,

    • Déterritorialise totalement la décision de formation,

    • Créé une logique « marché » individuelle.

Ce basculement avait favorisé :

    • Une offre parfois opportuniste,

    • Une désintermédiation des RH,

    • Une fragmentations des parcours.

 


Le CPF co-construit : DIF 2.0 ?

Le nouveau dispositif ne recrée pas le DIF pour autant :

DIFCPF co-construit
Droit exprimé en heuresDroit exprimé en euros
Accord employeur obligatoireInitiative libre du salarié, mais abondement structurant
Logique collectiveLogique co-pilotée
Faible traçabilitéScoring, traçabilité financière et qualité renforcée
Peu de contrôlesContrôles CPF + Qualiopi

On pourrait parler d’un « DIF modernisé », avec :

  • La liberté du CPF,

  • La structuration stratégique du DIF,

  • Le traçage financier et qualitatif d’un écosystème régulé.

 


Ce que le décret va produire concrètement sur le terrain

 


Pour les salariés

Le réflexe va évoluer profondément :

Avant :
👉 Je mobilise mon CPF personnel.

Demain :
👉 Je sollicite mon entreprise pour cofinancer un projet cohérent avec mon poste ou mon évolution.

Cette nouvelle norme crée plusieurs effets :

    • Meilleur accès aux formations longues et certifiantes ;

    • Sécurisation du financement dès l’amont ;

    • Reconnaissance de la formation comme projet professionnel partagé.

 


Pour les DRH et responsables formation

Ils redeviennent des architectes de parcours :

  • Identification proactive des besoins collectifs,

  • Co-construction avec les salariés des projets CPF + abondements,

  • Structuration d’accords-cadres avec des OF référencés,

  • Pilotage budgétaire des abondements.

Le décret repositionne clairement le service formation au cœur de la stratégie RH.

 


Pour les organismes de formation

Les OF entrent dans une nouvelle phase :

✅ Retour des groupes financés collectivement ;
✅ Visibilité pluriannuelle des marchés de formation ;
✅ Montée en puissance des contrats cadres entreprise ;
✅ Demande accrue de parcours métiers sur mesure.

Le modèle ultra-transactionnel CPF (vente individuelle massive) laisse place à une relation partenariale OF/entreprises :

    • Sélection qualitative accrue,

    • Pression sur l’ingénierie et la preuve d’impact,

    • Standard qualité renforcé.


Pour les Opco

Les Opco retrouvent un rôle pivot d’expertise :

    • Appui au montage des dispositifs CPF co-financés,

    • Ingénierie de parcours métiers/parcours certification,

    • Sécurisation juridique des accords de co-construction.

Ils redeviennent des opérateurs d’interface stratégique, et non plus de simples guichets financeurs.

 


Les nouveaux chantiers qui s’ouvrent

Le décret ne produit ses effets que si les acteurs s’en saisissent. Plusieurs priorités s’imposent dès 2025.


1️⃣ Structurer un catalogue CPF entreprises

Les organisations vont constituer :

    • Un répertoire interne de formations éligibles, aligné avec :

      • leurs métiers cibles,

      • leurs trajectoires de promotion,

      • leurs besoins de reconversion.


2️⃣ Mettre en place des accords-cadres OF

Les partenariats devront garantir :

    • Qualité pédagogique élevée,

    • Tarification maîtrisée,

    • Trajectoires certifiantes lisibles,

    • Robustesse administrative CPF & Qualiopi.


3️⃣ Industrialiser les évaluations

L’évaluation des compétences va devenir centrale :

    • Diagnostics en amont,

    • Positionnements pédagogiques automatisés,

    • Suivi des acquis via IA et LMS,

    • Reporting aux financeurs et directions RH.


4️⃣ Formaliser la contractualisation interne

La co-construction devra être encadrée par :

    • Accords collectifs ou dispositifs unilatéraux,

    • Chartes CPF internes,

    • Protocoles de remboursement ou de retour sur parcours.

 


2026 : année de bascule du modèle CPF

Tout indique que 2026 devrait voir :

    • Une montée en puissance massive des co-abondements,

    • Une contractualisation élargie entreprise–OF,

    • Une réduction progressive du modèle CPF « marché pur »,

    • Un retour vers une formation collective structurée par filières métiers.

Il ne s’agit pas d’un retour au passé, mais d’un saut réglementaire vers un modèle plus mature juridiquement, plus cohérent économiquement et plus efficace pédagogiquement.

 


Une réforme de fond sous les radars

Le décret instaurant la priorité financière du CPF abondé par l’entreprise n’est pas une réforme symbolique :
C’est une recomposition silencieuse du système de formation professionnelle :

  • Réconciliation entre projet individuel et stratégie collective,

  • Revalorisation du rôle de l’employeur,

  • Structuration qualitative de l’offre des OF,

  • Sécurisation des parcours de compétences.

L’esprit du DIF ressurgit, modernisé par le CPF.

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SOURCES

  • Journal officiel – Décret relatif aux modalités d’abondement du CPF et à l’ordre de mobilisation des financements (4 décembre 2024).

  • Ministère du Travail – Dossiers CPF et financement de la formation professionnelle.

  • France Compétences – Rapports sur le pilotage financier du CPF et de l’apprentissage.

  • Cour des comptes – Notes d’observation sur les dispositifs CPF.

  • DGEFP – Guides pratiques CPF et cofinancement.

 

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la FPC glisse sans bruit vers une crise structurelle aux effets profonds

la FPC glisse sans bruit vers une crise structurelle aux effets profonds

Les Experts Compétences se remobilisent après le décès de leur expert juridique. Ils jettent un regard sur la situation de la Formation Professionnelle Continue en cette fin 2025 au milieu de la débâcle parlementaire.

  1. La formation doit-elle obéir à des normes
  2. Les normes en formation VS le secteur agricole
  3. La crise des normes en formation et ses impacts
  4. OF : Retour sur le poids des normes
  5. A qui profitent toutes ces normes ?
  6. Crise budgétaire : A qui profite l’excès de normes ?
  7. Les 2 maux qui tuent la formation professionnelle
  8. Instabilité, normes : comment avancer malgré tout ?
  9. La FPC glisse sans bruit vers une crise structurelle aux effets profonds.

Depuis plusieurs mois, un phénomène inquiétant traverse la formation professionnelle continue : une contraction progressive et silencieuse de l’activité dans l’ensemble de la filière. Contrairement à d’autres secteurs économiques touchés par les crises successives – restauration, bâtiment, commerce – le monde de la formation demeure largement absent des débats publics. Pourtant, les signaux d’alerte s’accumulent.

la FPC glisse sans bruit vers une crise structurelle aux effets profonds

Le dernier baromètre sectoriel des Acteurs de la Compétence pour 2025 met en lumière des tendances convergentes :

  • Plus d’un organisme de formation sur deux anticipe une baisse de chiffre d’affaires.
  • Un tiers suspend ou annule ses investissements.
  • Plus d’un quart enregistre une réduction d’effectifs.
  • Les difficultés de trésorerie deviennent structurelles pour une part notable des acteurs.

Ces chiffres illustrent une réalité désormais partagée : la formation professionnelle, pourtant pilier des politiques d’emploi et de compétences, entre dans une phase de fragilisation durable.

Une dépendance forte à la commande publique et aux financements administrés

La formation professionnelle repose en grande partie sur un modèle administré :

  • Financements publics régionaux (PRIC, marchés de formation, dispositifs de reconversion)
  • Dispositifs nationaux (CPF, financement de l’apprentissage)
  • Intermédiation par les Opco
  • Accréditations et autorisations multiples (Qualiopi, RNCP, RS, appels d’offres)

Cette dépendance structurelle crée un paradoxe :

Le secteur est essentiel à la politique d’emploi mais entièrement soumis aux choix budgétaires et réglementaires de la sphère publique.

Or, ces dernières années ont vu se conjuguer :

  • La baisse massive des achats publics de formation, notamment dans les régions,
  • La refonte permanente des règles de financement,
  • Des arbitrages budgétaires défavorables à l’ingénierie longue,
  • Une priorité donnée aux dispositifs courts, quantifiés et immédiatement évaluables, souvent au détriment des parcours complets d’insertion professionnelle.

Cette évolution progressive a fragilisé les modèles économiques des OF, en particulier les structures indépendantes, de taille intermédiaire, souvent les plus innovantes pédagogiquement.

Le poids croissant des normes : la qualité devenue machine administrative

La mise en place de Qualiopi devait constituer un levier de professionnalisation du secteur. Dans l’esprit du décret de 2019, il s’agissait de :

  • Standardiser la qualité
  • Sécuriser l’utilisation des fonds publics et mutualisés
  • Renforcer la lisibilité pour les bénéficiaires

Cependant, dans sa mise en œuvre opérationnelle, la certification est progressivement devenue :

  • Un système documentaire hypertrophié,
  • Une logique de contrôle continu,
  • Un empilement de procédures internes sans lien direct avec la réalité pédagogique.

De nombreux OF témoignent :

  • D’un temps administratif devenu disproportionné,
  • D’une dilution des fonctions pédagogiques au profit de la gestion de conformité,
  • D’un déport massif des ressources humaines vers le pilotage qualité, au détriment du développement de nouvelles offres ou de l’accompagnement des bénéficiaires.

La qualité est devenue un objectif bureaucratique mesuré par la preuve écrite, plutôt que par l’impact réel sur l’insertion professionnelle ou l’acquisition des compétences.

CPF : de levier d’accès à outil sous surveillance permanente

Initialement conçu comme un instrument d’émancipation individuelle permettant aux actifs de choisir librement leur parcours, le Compte Personnel de Formation a subi une évolution majeure :

  • Contrôles renforcés et ciblages multiples
  • Conditions d’éligibilité continuellement ajustées
  • Restrictions interprétatives changeantes
  • Procédures de validation alourdies

Résultat :

  • Un ralentissement net des inscriptions,
  • Une défiance croissante des OF face aux risques de rejet ou de suspension,
  • Une complexification administrative décourageant certains bénéficiaires.

Le CPF, autrefois moteur de dynamisation du marché privé de la formation, devient aujourd’hui un outil de financement incertain, incitant les organismes à limiter leur exposition commerciale.

L’apprentissage sous tension

Vitrine statistique de la réussite des politiques emploi-formation, l’apprentissage subit à son tour un violent ajustement budgétaire :

  • Révision des niveaux de prise en charge (NPEC)
  • Diminution des aides aux employeurs
  • Augmentation du reste à charge pour certaines formations
  • Charges administratives accrues pour les CFA

Les conséquences sont immédiates :

  • Marges structurellement comprimées
  • Ralentissement des ouvertures de sections
  • Rationalisation des coûts éducatifs

La priorité donnée aux volumes au détriment des contenus met en difficulté de nombreux organismes souhaitant maintenir des standards pédagogiques élevés.

Un secteur incapable de porter une voix collective

Malgré ce contexte, les revendications publiques restent timides. Plusieurs facteurs expliquent ce silence :

1. Un éclatement institutionnel

Le secteur regroupe :

  • Des milliers d’OF de tailles hétérogènes
  • Des CFA rattachés à des branches ou à des collectivités
  • Des acteurs privés lucratifs et associatifs
  • Des organismes parapublics

Cette fragmentation rend toute parole collective complexe.

2. Une dépendance financière directe à l’État

La majorité des acteurs dépendant des dispositifs publics, la critique devient risquée :

  • Peur de perdre des marchés
  • Crainte d’une visibilité négative auprès des autorités de gestion
  • Prudence institutionnelle

3. Une culture historique de service

Les professionnels de la formation sont des praticiens de terrain, orientés accompagnement :

  • Formateurs
  • Conseillers
  • Ingénieurs pédagogiques

Leur vocation reste d’aider à grandir plutôt que de se battre médiatiquement. Cette posture humaniste, respectable, se heurte aux réalités d’une économie administrée.

Une crise systémique plus qu’une crise conjoncturelle

La situation actuelle dépasse la simple contraction de budget :

Il s’agit d’une crise de modèle :

  • Trop de normes pour soutenir l’agilité
  • Trop de contrôles pour favoriser l’innovation
  • Trop peu de visibilité budgétaire pour consolider les investissements long terme

L’enjeu central devient :

Comment concilier sécurisation des fonds publics
et développement d’une ingéniérie de compétences réellement performante ?

Réarmer la filière formation : pistes de sortie

Pour éviter l’érosion continue du tissu des OF, plusieurs leviers peuvent être mobilisés :

1. Repenser Qualiopi sur l’impact réel

Mesurer la qualité par :

  • Le placement emploi
  • La progression des compétences
  • Le taux de satisfaction bénéficiaires long terme
  • et non par la volumétrie documentaire.

2. Stabiliser les règles du CPF

Instaurer :

  • Des cycles réglementaires pluriannuels
  • Une sécurisation accrues des remboursements

Une simplification des référentiels d’éligibilité

3. Revaloriser l’ingénierie métier

  • Les financeurs doivent reconnaître :
  • Le coût réel de la conception pédagogique
  • L’accompagnement individualisé
  • Les évaluations formatives de qualité

4. Construire une représentation sectorielle forte

Créer un front commun pérenne appuyé sur :

  • Les branches
  • Les réseaux d’OF
  • Les acteurs territoriaux
  • Les partenaires sociaux

L’enjeu dépasse la survie d’un secteur

L’affaiblissement de la formation professionnelle ne concerne pas uniquement les organismes. Il engage directement la capacité nationale à :

  • Préparer les reconversions,
  • Adapter les compétences aux transitions industrielles,
  • Sécuriser les parcours professionnels.

Sans un redressement structurel, la France risque de voir s’assécher l’un de ses principaux vecteurs d’adaptation économique.

La formation professionnelle n’est pas un coût à réguler : c’est un investissement stratégique à protéger.

 

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SOURCES

  • Baromètre 2025 — Les Acteurs de la Compétence
  • France Compétences — Rapports sur la régulation financière des dispositifs
  • Ministère du Travail — Bilan des politiques de formation
  • Cour des comptes — Notes sur la gouvernance du CPF et de l’apprentissage
  • DGEFP — Données marchés régionaux de formation
  • Décrets et arrêtés relatifs à la certification Qualiopi (2019–2023)
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